Découverte intrigante

Ook, lui, trottinait sur ses jambes grèles en sautant de mottes de bourbe en motte de bourbe. Son sac de peau au côté, il avançait rapidement dans cet environnement visiblement familier. Il portait des vêtements de marche usés et assez sales, et sa traversée du marais apporterait la touche finale à ce tableau de voyageur en fin de course. Bientôt, il retrouverait sa famille pour quelques jours et profiterait d'un repos mérité avant de reprendre sa route vers le Sud.

Au détour d'un faisceau de joncs, il remarqua quelque chose qui bougeait dans la végétation fétide, non loin. En un instant, il réalisa que le quelque chose était en réalité quelqu'un, et s'arrêta net sur le rocher boueux où il était perché.

"Bonjour l'ami", fit-il en observant son semblable qui semblait décidé à escalader un arbre tortueux.
Il devait y avoir dans les branches quelques mets à cueillir, il s'en doutait et leva les yeux pour tenter d'entrevoir ce qui pouvait s'y trouver d'allêchant.

Le léger gloussement que laissa alors échapper Ook était le signe de son amusement profond. La situation était bel et bien cocasse : du pied de l'arbre, il s'adressait à un interlocuteur suspendu un peu plus haut, comme si de rien était. Jouant le jeu, il posa son poing sur sa hanche pour soulager ses muscles endoloris par la marche et considéra celui qui venait de s'adresser à lui.

"Je suis Ook, fils de Varnz ! Je reviens des Monts d'Argents pour quelques jours à passer sur la boue qui m'a vu naître... Je suis Critique Culinaire itinérant. Et toi ? Qui es-tu ?"

Nul doute, c'était un autre Gobelin. Les autres races du Petit Peuple s'aventuraient rarement dans le Marais des Pestilence, et il aurait été étonnant qu'il en fusse autrement.

Rhien, Rien... Ce nom disait bien quelque chose à Ook, qui cherchait au plus profond de sa mémoire un visage à mettre sur ces sons, ayant de préférence un air de famille avec le Gobelin qui se tenait devant lui. Il demanderait à son père : un tavernier connaissait tout le monde, c'était bien connu !

Ook leva le nez en direction de la sphère rouge violacée, presque noire à l'endroit où elle s'insérait sur les sépales, seuls restes de la fleur qui lui avait donné naissance. C'était un fruit restant de la fin de l'été et que les premiers givres avaient conservé en l'état.

"C'est... c'est un cassis sauvage des marais..." fit-il en observant le dénommé Fizzle s'aggriper à l'écorce.
"Si tu parviens à l'attraper, tu en seras satisfait... C'est un met de premier choix !"

Il lui avait été donné d'en goûter par trois fois : en tourtes, cuisinées par Grand'Ma Dwidd, une vieille gobeline que fréquentaient ses parents dans la région de Pue-Mouche. Il en gardait un souvenir impérissable, même s'il avait été obligé de partager le tout dernier morceau avec un crapeau domestique.

Ook n'était pas bien grand, même pour un Gobelin, et il ne regardait que bien rarement très haut au dessus de sa tête. Les paroles de Fizzle firent déplacer le regard de son semblable tout au long de la branche où poussait le fruit, puis un peu plus haut... et plus haut encore... jusqu'à la chose la plus improbable qu'il lui eut été donné de voir. Là, dans les hauteurs du buisson fruitier, se trouvait une sorte de soulier démesuré fait de toile rongée. Un gros lacet, un jour blanc mais à cette heure couvert d'une mousse sale, tombait presque jusqu'au dessus de la tête de Ook, ce qui eut pour effet de le faire sursauter et reculer d'un pas.

"Mais...." bredouilla-t-il avec une confusion certainement comique.
"C'est une chaussure ? Elle a la taille d'un bâteau Korrigan !"

Ses petits yeux noirs s'écarquillèrent un peu plus.

Fizzle grimpait progressivement a l'arbre sur l'écorce de l'arbre. Doucement, il était haut ce soulier géant.

"Oui c'est étonnant n'est ce pas ? C'est surement une constructrion farfelue d'une fée ou quelque chose dans le genre. Tu viens ou pas ?


[hrp : oui c'est court -_-']